Bienvenue dans notre nouvelle série d’articles « La Cool Team au Micro. » Pour ce premier entretien, nous recevons Badr Chegari, docteur et chercheur en thermique du bâtiment à la tête de la R&D et de l’innovation chez Cool Roof.

Badr Chegari est le Responsable de l’Innovation et de la R&D chez Cool Roof, une entreprise engagée dans la transition environnementale et l’innovation en matière de cool roofing. Thermicien de formation, son parcours allie recherche universitaire et application concrète de la thermique durable dans le secteur du bâtiment. Dans cet entretien, il revient sur son parcours, ses motivations et ses responsabilités au sein de Cool Roof.
Merci Badr de nous accorder cet entretien aujourd’hui. Tout d’abord, nous aimerions connaître ton parcours. Tu es docteur en thermique depuis 2022. Pourquoi t’intéresses-tu à la thermique du bâtiment en particulier ?
Badr : La thermique du bâtiment est arrivée un peu par hasard dans ma vie. Au lycée, je n’avais pas de vocation précise. Mon choix de filière relevait davantage d’une orientation par défaut. Cependant, c’est au cours de mon master que j’ai découvert un réel intérêt pour ce domaine, qui s’est ensuite transformé en véritable passion. Cette passion m’a conduit naturellement à poursuivre une thèse de doctorat sur le sujet, où j’ai pleinement réalisé l’importance et les enjeux de la thermique appliquée au bâtiment.
Travailler sur l’enveloppe d’un bâtiment, pour moi, c’est agir à la racine de la transition énergétique.
Sachant que les bâtiments représentent 40 à 45 % de la consommation d’énergie électrique, il est évident que sans améliorer la performance de l’enveloppe – en optimisant ses caractéristiques thermiques passives –, on ne pourra pas réduire de façon significative notre empreinte énergétique. Cette vision m’a vraiment motivé à poursuivre dans ce domaine.
Qu’est-ce qui t’a le plus marqué dans ton expérience en tant que chercheur en thermique ? Est-ce qu’il y a eu un moment “déclic” dans ton parcours ?
Badr : La compétition Solar Decathlon Africa a été une étape marquante dans mon orientation professionnelle. C’est une compétition internationale initiée par le Département de l’Énergie aux États-Unis et qui se déroule tous les deux ans dans un pays différent.
Pour moi, c’était l’occasion de tester des solutions thermiques optimisées et de mettre en œuvre des simulations approfondies. Cela a renforcé mon expérience en matière d’optimisation des paramètres thermo-physiques de l’enveloppe du bâtiment.
Mon cœur de métier repose sur l’art de combiner et d’optimiser diverses variables pour atteindre des objectifs ambitieux, avec une priorité donnée à la performance énergétique, à la préservation de l’environnement et au confort thermique.
Pourquoi as-tu choisi de rejoindre le secteur privé tout en restant attaché à la recherche et l’enseignement universitaires ?
Badr : J’ai beaucoup réfléchi à cette question.
Bien sûr, la transition vers le secteur privé suscite des réflexions éthiques, particulièrement dans le contexte actuel où la recherche publique doit hélas composer avec des défis croissants en matière de financement.
L’université me permet de mener des recherches approfondies et d’avoir du temps pour creuser des sujets complexes, mais elle offre peu de moyens financiers. Parfois, cela limite l’ampleur des projets.
Le privé, en revanche, dispose de capitaux qui permettent de concrétiser des solutions et d’impacter concrètement la société.
Chez Cool Roof, par exemple, les ressources disponibles nous permettent de faire avancer des projets de recherche appliquée sur le terrain, avec des résultats tangibles. C’est très gratifiant, en tant que chercheur, de pouvoir mesurer le succès d’un modèle théorique une fois appliqué !

Enfin, je crois profondément en l’importance des liens humains et du collectif. La recherche et l’innovation ne devraient pas être un chemin solitaire ; c’est en échangeant, en partageant nos idées et nos doutes avec les autres qu’on avance. Et en cela, le privé permet de sortir des silos disciplinaires de la recherche et d’emmener une foule de profils différents dans des projets fondés sur de la théorie pourtant très pointue.
À quoi ressemble une semaine de travail type pour toi chez Cool Roof ?
Ensuite, il y a le support technique pour les clients. Certains ont une bonne connaissance des aspects thermiques, donc je fais des retours techniques très spécifiques.
Mes semaines sont rythmées par des réunions de faisabilité, de suivi de projet et des débriefings sur les retours d’expérience (REX). Il y a aussi les visites techniques pour des cas particuliers, des mises en place d’instrumentation et des contrôles analytiques d’évolution des performances.

Finalement, j’ai la tête dans les simulations et les projections, mais toujours les pieds sur les toits !
Dans quelles autres activités de recherche et d’innovation es-tu impliqué actuellement ?
Badr : En parallèle de mon travail chez Cool Roof, je mène mes travaux de recherche en vue d’obtenir mon HDR (Habilitation à Diriger des Recherches). Cette étape cruciale dans la carrière d’un chercheur marque une reconnaissance de mes contributions scientifiques et m’ouvrira la possibilité de superviser des doctorants, tout en approfondissant et en diversifiant mes projets de recherche.
Par exemple, j’ai corédigé cet automne un article publié dans une prestigieuse revue internationale, Energies de MDPI. J’ai pu y mobiliser les données empiriques d’un chantier Cool Roof réalisé à Signes. Ce type de publication est une preuve de notre engagement en R&D chez Cool Roof.
Même s’il n’est pas toujours évident de partager mes heures entre mon travail et ma recherche, j’en tire des données empiriques précieuses et de nouvelles idées inspirées de la réalité du terrain.

Quelles sont, selon toi, les principales valeurs ajoutées que la R&D de Cool Roof apporte sur le marché ?
Badr : C’est une très bonne question, notamment parce que nous sommes actuellement la seule entreprise de cool roofing qui investit autant dans la recherche appliquée.
Notre R&D nous apporte trois compétences essentielles : la maîtrise technique, l’évaluation scientifique rigoureuse et le soutien durable aux clients.
Nous avons des chimistes, des chercheurs en thermique et en matériaux, ainsi que des ingénieurs en robotique qui testent et valident chaque aspect de nos produits. Nos études sont minutieuses et fondées sur des preuves concrètes.
Notre but est de ne surtout pas tomber dans le greenwashing. Chaque projet est suivi, analysé et évalué avec précision pour que les performances de nos solutions soient réelles et mesurables.
Et enfin, nos retours d’expérience nous permettent de garantir aux clients un véritable retour sur investissement, en leur fournissant des solutions adaptées, durables et rentables.
As-tu des projets spécifiques pour l’avenir ?
Badr : Oui, l’avenir offre de belles perspectives. J’ai à cœur de continuer à transmettre mes connaissances et à accompagner de jeunes chercheurs dans leur parcours. L’obtention de mon HDR me permettra de m’investir encore davantage dans la recherche, en contribuant à des avancées à la fois académiques et appliquées.
Je discerne de véritables opportunités dans le couplage de solutions passives, telles que le cool roofing avec des panneaux photovoltaïques. Une telle synergie ouvre la voie à une optimisation significative du rendement énergétique, tout en contribuant aux défis contemporains de durabilité.
La collaboration entre recherche et pratique industrielle est, pour moi, essentielle pour avancer dans la transition énergétique, environnementale et sociale.
Au vu de ton parcours, quels conseils donnerais-tu aux jeunes qui souhaitent se lancer dans le domaine de la recherche et de l’innovation durable ?
Badr : La première chose que je leur dirais, c’est de ne pas avoir peur de prendre le temps de trouver leur voie. Mon propre parcours n’a pas été une ligne droite ! Parfois, les passions se révèlent en cours de route, à travers l’expérience. Alors je leur conseillerais d’explorer, d’essayer, même si cela signifie sortir des sentiers battus, voire se tromper.
Ensuite, je leur dirais aussi qu’en recherche, et surtout en innovation durable, il faut savoir être patient et persévérant. Les résultats sont souvent longs à obtenir et la recherche demande beaucoup de rigueur et de résilience.
Parfois, la réalité professionnelle semble lointaine lorsqu’on est plongé dans la théorie, mais il ne faut pas perdre de vue l’impact concret que la recherche peut avoir sur le terrain.
Ce que j’ai appris, c’est que même les petites avancées peuvent avoir de grands effets si elles sont bien appliquées.
La R&D chez Cool Roof : Des profils, savoirs et outils mobilisés pour l’innovation des solutions simples, sobres et éprouvées pour le bâtiment.
Merci à Badr pour cet entretien ! Il nous a permis de mettre en lumière le rôle crucial de la recherche et de l’innovation dans la transition énergétique. Fort de son parcours et de son expertise en thermique, il incarne l’engagement de Cool Roof pour une approche scientifique et responsable, au service de solutions d’avenir.
Quels autres défis et projets attendent cette entreprise dédiée à l’innovation ? Le domaine du cool roofing n’a sans doute pas fini de surprendre ! Et vous, quelles solutions passives voyez-vous pour la transition énergétique dans le secteur du bâtiment ? Suivez et répondez-nous sur LinkedIn, Facebook et Instagram.
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