Dans les médias grand public ou dans les publications scientifiques, on entend de plus en plus souvent parler des « Cool Roof ». Mais le concept de toiture fraîche n’est pas nouveau, il est même très ancien ! Quelle est son histoire ? D’où vient-il et quelles ont été ses évolutions ?
Un usage traditionnel
Le principe du « cool-roofing » (comprendre l’installation d’une toiture fraîche) n’est pas une nouveauté, loin de là ! Il s’agit plutôt d’une technologie ancrée dans l’histoire des pratiques traditionnelles et populaires du bâtiment… croisée aux développements technologiques récents. L’utilisation de matériaux et de revêtements clairs se retrouve dans de nombreuses civilisations, même s’il est parfois difficile de faire la distinction entre une utilisation esthétique ou utilitaire.

Des besoins et ressources locales
Dans le cas des civilisations du bassin méditerranéen, l’utilité a pu être prouvée. Les peuples de certains pays comme la Grèce continuent d’enduire les façades et toitures d’un revêtement blanc afin de limiter le réchauffement du bâtiment. Le revêtement traditionnellement utilisé est un enduit à base de blanc de chaux. Celui-ci doit être renouvelé annuellement à cause de sa dégradation relativement rapide.
Les matières minérales ont de tout temps été favorisées pour atteindre la couleur blanche souhaitée. Ainsi du calcaire sous forme de chaux, de certaines sortes de kaolin et de feldspath, du gypse et du marbre. Quant à la couleur blanche, elle s’explique par son albédo (pouvoir réfléchissant) élevé, qui diminue la quantité de chaleur stockée.
Le Cool Roof à la conquête de l’espace !
Depuis que les propriétés thermiques des toits et façades clairs ont été découvertes, l’histoire a suivi son cours. Le plus grand événement dans l’histoire récente du Cool Roof est le développement de la conquête spatiale.
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Une sonde du programme Solar Probe de la NASA héberge un Cool Roof depuis août 2018. Certes, une sonde n’a pas de toit, mais l’objectif est le même. Il s’agit ici d’une couche de peinture céramique blanche spécialement développée pour répondre aux contraintes des projets spatiaux. Elle est appliquée sur le bouclier thermique de la sonde, dans le but de la protéger du rayonnement solaire direct. L’objectif est de réfléchir au maximum le rayonnement solaire pour que ce qui se trouve en-dessous ne chauffe pas trop. Comme lorsqu’on applique du Cool Roof à un bâtiment !
Un nouvel élan à l’heure du changement climatique
La pertinence du Cool Roof dans la lutte contre le changement climatique
Depuis quelques années, la lutte contre le changement climatique est devenue un sujet d’importance capitale (à juste titre !). Ici aussi, le Cool Roof a su révéler son utilité. Son albédo permet de diminuer la quantité de rayonnements IR émis en direction de l’atmosphère et intervenant dans le cycle de l’effet de serre.
De plus, l’installation d’un Cool Roof permet de limiter l’utilisation de climatisation. Il contribue donc à diminuer les émissions de gaz à effet de serre anthropiques. D’abord, les émissions directes des systèmes de froid (halocarbures), et ensuite, les émissions indirectes dues à la production d’électricité que nécessitent lesdits systèmes.
Une mesure validée par les chercheurs, penseurs et institutions de la transition environnementale
L’installation massive de Cool Roofs est mise en avant par des intervenants tels que le GIEC ou l’ex-Secrétaire d’État à l’Énergie américain Steven Chu. Celui-ci exprimait en 2010 que « les cool roofs sont l’un des moyens les plus rapides et les moins onéreux pour ralentir le réchauffement climatique. »
Dans ses rapports, le GIEC cite l’installation de Cool Roofs comme un élément intéressant dans la lutte contre le réchauffement climatique. Dans son dernier rapport de synthèse (AR5), « Akbari et al estiment que changer la réflectance solaire d’un toit sombre (r=0,15) à un toit blanc, même imparfait (r=0,55), permet une économie unique de 1 à 2,5 tCO2 pour 10m2 de zone modifiée. »
Entre tradition et technologie, le Cool Roof s’impose
Le Cool Roof est ainsi passé d’une utilisation relevant du « bon sens » et de l’observation empirique de ses performances par les anciennes civilisations du bassin méditerranéen, à un développement technologique de pointe pour participer aux dernières missions de la NASA. Entre temps, des études théoriques et pratiques ont été menées, mettant en valeur le rôle positif que peut jouer le cool roofing dans le cadre de la lutte contre le changement climatique.
Pour en savoir plus sur le changement climatique :
- Le dernier rapport de synthèse du GIEC datant de 2014, l’AR5 (pour lecteurs avertis) : https://www.ipcc.ch/report/ar5/syr/
- Quelques questions (et réponses !) sur le changement climatique par Jean-Marc Jancovici, moins technique que le rapport du GIEC : https://jancovici.com/category/changement-climatique/